Une histoire

 


 

 

L'histoire de la commune de Saint-Sauves est consultable sur la page "Description".


 

Une pierre : Une pierre de la Bastille est visible depuis 2001 dans la mairie ; l’histoire de France nous a appris que dés le 16 juillet 1789, la démolition de la forteresse de la Bastille a été ordonnée. C'est un entrepreneur en bâtiment, PALLOY, qui fit abattre par 800 ouvriers ce « bastion de la tyrannie ». Les pierres servirent à construire le pont de la Concorde ainsi que certains immeubles privés de la capitale. Avec les pierres restantes réduites en poudre, le "patriote PALLOY " réalisa aussi 83 maquettes témoins qui furent envoyées dans chaque département pour entretenir l'enthousiasme populaire lors des défilés, ainsi que des souvenirs qu'il vendît aux quatre coins de la France et qui servirent entre autres à commémorer l'évènement. Un véritable négoce s’instaura comme le montrent les pièces ci-dessous conservées à Grenoble et à Montreuil.

 

Maquette de la Bastille                    Pierre de la Bastille (Montreuil)

Pierre-François PALLOY (1754-1835) eut également pour idée de vendre chaque pierre à l'unité. Afin de faire connaître son projet, il envoya à chaque municipalité une pierre souvenir en cadeau. Celle ainsi offerte à la ville de Montreuil, en 1791, fut placée dans un premier temps sur la façade de l'ancienne mairie avant d’être conservée au musée de l’Histoire vivante (80 X 48 cm) ; cette pierre, très caractéristique, est gravée de la mention "Ex unitate Libertas … 1789" ; une plaque métallique, sur laquelle a été tracé le plan de la forteresse de la Bastille, y a été fixée. (Cliché ci-dessus à droite)

 

Pierre de la Bastille (Saint-Sauves d'Auvergne)

La pierre de Saint-Sauves (ci dessus) porte les inscriptions suivantes : « Ex unitate Libertas. Cette pierre tirée d’un cachot de la Bastille a été donnée à Claude Alexis MABRU par la Société des Patriotes du Fauxbourg Saint-Antoine ».

Cette pierre fut rapportée par deux hommes dont les familles étaient originaires de Lavaux et de Beauberty, villages de Saint-Sauves ; l’un d’eux, Claude-Alexis MABRU, né le 2 décembre 1755 à Clermont-Ferrand, fils du conseiller d'Etat du Roi et receveur général des consignations de Clermont-Ferrand Claude MABRU (né le 22 novembre 1725 à Saint-Sauves de Michel et de Marie GUILLAUME) et de Marie BLANCHON était lui même "conseiller du Roi, receveur général des consignations en Cour de Clermont-Ferrand, trésorier de France du bureau des finances de la Généralité de Riom, chevalier seigneur de la Jarrige, Rusolles, Chasternac, Saint-Bonnel, grand voyer de la Généralité de Riom et Province d'Auvergne, juge directeur des domaines de Sa Majesté, chevalier de l'ordre du Roi". Cette personnalité est un descendant d'une grande famille de bourgeois et de notaires royaux de Saint-Sauves. Un aïeul notaire, Pierre MABRU, lui-même frère de Marie GUILLAUME et arrière-petit-fils de Louis MABRU et de Jeanne d'ESTAING, devint bailli de la seigneurie de Granges et Tauves au cours de la seconde moitié du XVIIème siècle. Quant au frère cadet de Claude-Alexis, Joseph-Antoine MABRU (1714-1790), il resta notaire et procureur à Saint-Sauves de 1750 à 1790 avant que son fils aîné Michel-Marie ne reprenne l'office de 1800 à 1817.

Claude-Alexis MABRU fréquenta le collège d’Harcourt à Paris où il eut pour condisciple et compatriote auvergnat le marquis de LA FAYETTE. Résidant en la ville de Clermont, il se maria le 6 juin 1777 à 21 ans à Paris avec Marie-Anne Charlotte LEBEL (1762-1848) en présence du "haut et puisant seigneur François Julie comte de la TOUR D'AUVERGNE et Dapachrer Bacon de la Margeride, seigneur de Créqui et autres lieux, maréchal des camps et armées du roi, petit cousin paternel". De cette union naquirent Claude (1778-1870 ; officier de la Grande Armée napoléonienne), Antoine (1780-1853 ; directeur de la mine de Pechelbronn), Élisabeth Louise Adélaïde Marie (1784-?) et Joseph Achille Paul Émile (1793-1828 ; notaire).

Notable aux idées progressistes, Claude-Alexis MABRU participa dès 1787 aux débats qui agitèrent la France pré-révolutionnaire en publiant anonymement à Clermont-Ferrand un opuscule de 125 pages dédié à son vieil ami et alors administrateur de la province d'Auvergne le marquis de LA FAYETTE, intitulé « Essai sur la nature et la répartition de l’impôt en Auvergne par un habitant de la province ».

Claude-Alexis MABRU

En 1789, la sénéchaussée de Clermont élut deux députés du Tiers-Etat, un de la noblesse et un du clergé, qui emportèrent les cahiers de doléance de leur ordre aux Etats-Généraux. Claude-Alexis MABRU, partisan du changement, s'affilia très tôt à l’une des trois loges franc-maçonnique de Clermont-Ferrand : la loge Saint-Maurice. Il fréquenta dès le début la Société des amis de la Constitution dont il fut l’un des plus ardents piliers ; sa famille fut ainsi mêlée à la vie publique locale et nationale. Mais malgré la radicalisation des idées, Claude-Alexis s’aligna sur l’homme fort du département : le robespierriste Georges-Auguste COUTHON, avocat franc-maçon, fils et petit-fils de notaires de Saint-Sauves puis d'Orcet. Le 22 septembre 1794, Claude-Alexis MABRU apparaissait encore comme l’un des trois secrétaires de la Société populaire de Clermont et juge au tribunal du district de Clermont-Ferrand, tribunal d’ailleurs présidé par COUTHON, mais le couple MABRU dut subir le contre-coup de ses engagements. Le 5 floréal an V, leur maison fut attaquée et pillée par la population. Ce qui n’empêcha pas MABRU de devenir le 9ème Maire de Clermont-Ferrand (président de la Commune de Clermont-Ferrand) pour un bref mandat du 27 avril 1798 au mois d'août de la même année. Il est également l'auteur d'un ouvrage publié en 1798 « Quelques réflexions sur le moment présent ». Claude-Alexis MABRU trouva la mort à l'âge de 45 ans le 30 octobre 1801 à Clermont-Ferrand dans un accident resté inexpliqué.

Les recherches quant à l'histoire des descendants de cette famille menées par Liliane GODAT-CHANIMBAUD ont été publiées en 2004 dans ses ouvrages "Lieutenant colonel d'artillerie... (Chevalier) Claude (de) Mabru" et "Antoine (Auguste) Mabru - Les Le Bel et l'exploitation du pétrole en Alsace".

 

Un blason: le blason communal  est composé des armes des seigneurs successifs du bourg de Saint-Sauves, soit écartelé au 1 de LA TOUR D’AUVERGNE (d’azur semé de fleurs de lys d’or à la tour d’argent, maçonnée de sable, brochant sur le tout), au 2 de ROCHEBARON (de geules au chef échiqueté de deux tires et de trois points d'azur et d'argent), au 3 de LÉVIS (d’or à trois chevrons de sable) et au 4 de LA CROIX DE CASTRIES (d’azur à la croix d’or).

Ce blason a été réalisé par Robert LOUIS, artiste héraldiste et dessinateur symboliste des services officiels, sur la base des recherches de Roger SEVE, archiviste-paléographe et directeur des services des Archives du Puy de Dôme. Le projet a été adopté par délibération du Conseil Municipal du 19 février 1961 sous la présidence de Jean BRUGIERE, Maire.

Au XIII ème siècle, le bourg et la moitié ouest du territoire de la paroisse de Saint-Sauves appartenaient à la baronnie de LA TOUR D’AUVERGNE. Bertrand de LA TOUR, premier du nom, seigneur d'Olliergues, de La Tour (1206-1212), d'Orcet, de Montpeyroux, de Coudes, marié à Judith de MERCOEUR en 1190, obtint par une transaction passée avec son frère aîné, Bernard, seigneur de La Tour et mort sans postérité, qu'il reçoive la seigneurie de Saint-Sauves. Pierre de CROS, Chevalier, seigneur de Cros, de la Tartière et de Saint-Sauves, fut inscrit comme tel à l’armorial de Revel en 1450 ; il donna le fief à son neveu Jacques, seigneur de la Tartière, de Marchal et d'Orcival et époux de Charlotte de ROCHEBARON, fille d'Antoine, écuyer, seigneur de La Tour, d'Aurel, de Val, de Marsac et de Dauphine de Thiers.

LA TOUR D'AUVERGNE - Roche basse de l'ancien château

Saint-Sauves passa ensuite à Charles de ROCHEBARON, lequel en fit sa déclaration au Roi, en 1540, comme fief relevant de la famille alliée de La Tour. Celui-ci passa à Jean de ROCHEBARON, chevalier seigneur de La Tour et Val, puis successivement à ses descendants Antoine et François ; ce dernier, n'ayant pas eu d'enfants, fit donation de Saint-Sauves le 14 septembre 1578 à son neveu Jean de LA SALLE, chevalier seigneur du Colombier. Guillaume de LA SALLE vendit la seigneurie en 1595 à Jean de LEVIS, seigneur de Charlus, baron de Granges et Tauves.

         

Depuis cette époque, ce secteur de Saint-Sauves eut les mêmes seigneurs que le chef-lieu judiciaire Granges et Tauves et ce, jusqu’en 1789. Qualifié de baronnie en 1494 et 1675, le château de Granges était situé sur un monticule au sud du village. Existant déjà en 1255, il n'en reste plus aujourd'hui qu'une partie de la tour circulaire construite en pierres de taille assez brutes. De taille modeste, il était entouré de diverses constructions à l'usage des seigneurs et dont on voit les murs démolis à fleur de terre. On sait par ailleurs que Michel BELLET en était le capitaine en 1649-1660 et que les baillis furent successivement Jacques RAVEL (avocat au Parlement) en 1644, Michel BOUYON (bourgeois d'Herment) en 1651-1661, Antoine BOUYON (frère du précédent), en 1668-1675, Pierre MABRU (notaire royal à Saint-Sauves) en 1681 et Michel MABRU (frère du précédent, avocat au Parlement, notaire royal) en 1711.

TAUVES - Les restes du château de Granges

Ainsi, il était apporté le 20 janvier 1722 par mariage de Marie-Françoise de LEVIS, dame de Granges et fille de Charles-Eugène, duc de LEVIS, Pair de France, lieutenant général des armées du Roi et de Marie-Françoise d'Albert, à Joseph-François de LA CROIX, marquis de CASTRIES, baron des états du Languedoc, lieutenant du Roi dans cette province comme "fidèle à son Roi et à l'honneur", gouverneur de Montpellier, chevalier d'honneur de la duchesse d'Orléans. Saint-Sauves passa à leur fils Charles-Eugène Gabriel de LA CROIX, marquis de CASTRIES, maréchal de France et secrétaire d'Etat à la marine. La terre et seigneurie de Granges fut vendue le 25 mai 1789 à Michel de LA SALLE DE ROCHEMAURE, chevalier seigneur de Puy Germaud, lieutenant-Colonel au régiment de Royal-Auvergne, moyennant 200.000 livres.

 

Un fief :  Alors situé en 1402 sur la commune de Murat-le-Quaire, le lieu-dit des Escures (basses) était rattaché à la paroisse de Saint-Sauves. Dit « le repaire des Escures » (en 1463, rattaché à la paroisse de Murat), Il était le siège d’un ancien fief et possédait un château, dont quelques pans de murs étaient encore visibles au siècle dernier, sur un monticule au sud de la voie ferrée Laqueuille-gare / Le Mont-Dore. Il subsiste encore aujourd'hui le "four" du château.

Les seigneurs de LAUDOUZE, portant un blason « de gueules au massacre d’or », étaient seigneurs des Escures. Fils de Pierre de LAUDOUZE, écuyer et seigneur des Escures en 1402, « Noble homme, Louis de LAUDOUZE , écuyer des Escures » fut homme d’armes de l’amiral de ROUSSILLON et habita les Escures de 1452 à 1463. Ses descendants successifs, seigneurs des Escures, furent Maurice, François (1587), Michel, Guy (1597), François (1646-1666). Les LAUDOUZE furent réputés pour être de grands batailleurs. Gilbert ASSOLENT fut seigneur des Escures en 1587.

Blason de la famille des Laudouze

Rémi TOURRET vous propose d'ailleurs un bilan de ses remarquables recherches généalogiques, dont son ascendance est liée à ces illustres seigneurs.

 

Une tradition : C'est en 535 que saint Médard, évêque de Noyon et natif de Salency en Picardie, instaura dans cette paroisse l'usage du couronnement de la Rosière afin de donner tous les ans à celle des filles de sa terre qui jouirait de la plus grande réputation de vertu au jugement des paroissiens, une somme de 25 livres et une couronne ou un chapeau de roses.

Le couronnement annuel de la Rosière de Saint-Sauves a pour origine la volonté d’un habitant, propriétaire cultivateur du village de Beauberty, décédé le 21 avril 1910 à l'âge de 65 ans sans postérité. Fils de Michel et Sébastienne ACHARD né le 5 novembre 1844 à Saint-Sauves, Michel ACHARD laissa un legs de 850 louis d'or (17 000 francs) destiné à être versé par l'État selon les conditions de son testament olographe en date du 6 août 1906 : « Article trois - je donne et lègue à la fille qui pourrait mériter le titre de « Rosière », par sa conduite, la somme de cinq cents francs, tous les ans, établie sur le modèle de la Rosière de Montferrand ». Couronnée le 21 novembre 1914 dans la salle de la mairie par l'édile de l'époque, Jean PERRY, Marie-Thérèse Légère Antoinette BOUCHET, du bourg, en fut la première bénéficiaire (En 1914-1918 et 1939-1945, la Rosière est désignée dans une certaine confidentialité, sans faire l'objet de festivités).

L'Avenir du Puy-de-Dôme du 8 décembre 1914

Depuis, chaque année, une commission présidée par le maire et deux conseillers municipaux (ainsi que le curé initialement) désigne une jeune fille âgée de 18 ans dont les qualités lui vaudront le titre de Rosière. Dès lors, la Rosière, aidée par sa famille et des habitants, prépare la cérémonie en confectionnant les roses et les décors destinés à pavoiser les rues empruntées par le cortège. Celui-ci, composé de la Rosière, de ses deux demoiselles d’honneur, du conseil municipal, du conseiller général et, à l’occasion, d'un parlementaire, gagne le podium installé dans le bourg ou au parc municipal Jean Louis GARENNE, du nom de son ancien propriétaire.

Suite à l’éloge de la Rosière, le maire couronne celle-ci avant de laisser place aux animations folkloriques et aux attractions foraines tandis que le cortège se reforme afin de déposer une gerbe au monument aux morts ainsi que sur la tombe de l’instigateur de cette cérémonie.

Outre Saint-Sauves, l'Auvergne dénombre plusieurs autres communes poursuivant cette tradition : Montferrand (depuis 1881), Riom-ès-Montagne (depuis 1920 environ), Courpière (depuis 1922), Artonne (depuis 1938) et Aubière (depuis 1957), réunies dans une association des villes & villages des Rosières de France.
La voie principale du village de Beauberty porte aujourd'hui le nom "Rue Michel Achard".

(Fête le week-end suivant le 15 août)

Liste des Rosières de 1914 à aujourd'hui

 

Une saga :  La ligne de chemin de fer Laqueuille / le Mont-Dore

La diligence Laqueuille-Le Mont-Dore   La diligence Laqueuille-Le Mont-Dore 

Depuis le 6 juin 1881, le train arrivait au hameau de Laqueuille (Commune de Saint-Julien-Puy-Lavèze) par le tronçon de 104 km Ussel / Clermont-Ferrand, desservie par la compagnie des chemins de fer Paris-Orléans. Le service Laqueuille Saint Sauves - La Bourboule - Le Mont-Dore s'effectuait par correspondance hippomobile (Dufau et Henry) jusqu’en 1899, laissant dès lors place aux locomotives.

Une loi du 17 février 1879 classait déjà la ligne d’intérêt général (plan Freycinet). En 1880, un projet envisageait le passage à Saint-Sauves avec une gare au foirail, puis au Jansanet, aux Roches, ainsi que la traversée de la Dordogne pour atteindre la Bourboule au pré de la Hache ; la ligne devait comporter une voie normale et une voie de 0,75 m. ; Or, ce tracé imposait la construction d’un viaduc au Jansanet ainsi que deux tunnels dont l’un de 110 mètres de long. Un temps, le principe d’une station à Saint-Sauves fut écarté. Également, un industriel chaufournier de la Loire, Mr DENIS, proposa une voie étroite avec des embranchements sur Tauves et La Tour d’Auvergne. Un nouveau projet emporta finalement l'adhésion en 1887.

Le décret d’utilité publique avec concession à la compagnie Paris-Orléans fut publié le 7 juin 1892 au Journal Officiel. Le choix de l’emplacement de la gare de Saint-Sauves fut porté sur le hameau de Hors, écartant la proposition des Ludines qui aurait rapproché la gare du bourg. À partir de 1894 débutèrent les travaux dirigés par les ingénieurs Draux et Tavera ; la livraison provisoire eut lieu le 22 décembre 1898, la mise en exploitation le 1er juin 1899, et l’inauguration des 14 km de la ligne, le 2 juillet 1899. À cette occasion, le train inaugural fut conduit par le ministre des travaux publics Pierre BAUDIN. Un banquet de 200 couverts était organisé dans un établissement couvert du Mont-Dore compte tenu du mauvais temps puis, profitant d'une éclaircie, le ministre se rendit à l'établissement thermal puis au salon du Capucin en empruntant le funiculaire. À La Bourboule, le ministre posa la première pierre de l'hôpital Guillaume-Lacoste.

Affiche du Paris-Orléans  Le quartier de la gare de Saint-Sauves au début du XXème siècle

La ligne Laqueuille - Le Mont-Dore a constitué, jusqu'à l'ouverture de sections transpyrénéennes occidentales en 1929, la ligne à voie normale la plus pentue de France en traction thermique, avec des rampes de 35 mm/m et des courbes de 300 m de rayon.

À l'origine, la ligne à voie unique était desservie par 7 trains dans chaque sens, dont 2 étaient directs pour Paris. Peu avant la seconde guerre mondiale, les autorails firent leur apparition sur la ligne ; à l'été 1937, 9 allers-retours empruntaient la ligne du Mont-Dore. Après la guerre, la vogue du termalisme et des sports d'hiver prit un grand essor, ce qui entraîna notamment la création du train "le Thermal Express" en 1947 (Paris-Orsay, Bourges, Vichy et Clermont-Ferrand) devenu "le Thermal" en 1972 (Paris Gare de Lyon). La dernière tranche directe circula le 26 août 2006, laissant place sur cette ligne aux trains TER pour le trafic voyageurs jusqu'à son arrêt en 2016. Quant à la gare de Saint-Sauves, suite à sa fermeture en 1973, elle a été démolie deux ans plus tard.

Fret en gare de Saint-Sauves - Photo Eric DELDON

En bref :

Gares : Laqueuille (gare de bifurcation sur l'itinéraire Clermont-Tulle) / [Saint-Sauves pk 446,6] / La Bourboule pk 451,5 / Le Mont-Dore pk 456,6 (gare terminus).

Exploitation : cantonnement téléphonique à l'origine ; équipement de voie directe type SNCF à Saint-Sauves et La Bourboule en 1956 ; Block automatique unifié (voie d'évitement de Saint-Sauves déposée) en 1987.

À lire : "La ligne Paris - Clermont-Ferrand" numéro spécial du Train 53 1/2008

 

Un culte : La densité des sites dédiés à Saint Roch est variable selon les régions de France. Beaucoup de ces édifices ont fleuri au XIX ème siècle suite à la diffusion du choléra dans le midi, bien qu'on évoquait le saint dès le XIV ème siècle, notamment lors de processions le premier dimanche suivant sa fête (le 16 août) et ce, jusqu'en 1970.

La construction d’un sanctuaire était généralement la reconnaissance envers Saint Roch, invoqué pour l'arrêt d'une épidémie ou d'un fléau auquel la médecine n'avait pas encore trouvé de remède. Saint Roch fut ainsi invoqué contre les maladies contagieuses des hommes, mais aussi du bétail et de la vigne ; en Italie, en Allemagne et en France, les fripiers, les rôtisseurs, les cardeurs de laine et les paveurs l'avaient pris pour patron. Il est aujourd'hui considéré comme le patron des travailleurs de la terre. Antérieurement à lui, c'était par l'intercession de Saint Sébastien que les malades de la peste adressaient leurs suppliques à Dieu.

Déjà, en 1693, une famine provoque l'enterrement de 85 Saint-Sauviens sur 1.000 habitants.

En 1749, une nouvelle disette se répand à Saint-Sauves suite à de mauvaises conditions climatiques. La proximité de marais aux eaux corrompues au bord de la Dordogne entraîne la propagation dans la région d’une infection, diagnostiquée à l'époque par les médecins TIXIER et SEDILOT par « fièvre putride vermineuse » ou « fièvre putride épidémique» localisée dans les poumons et dont la pathologie est comparable à la typhoïde. Le subdélégué de Rochefort RIBEYRE signale l'épidémie à l'intendant d'Auvergne dans une lettre du 15 avril 1749 où il écrit : "Il a été fait un jeûne de trois jours consécutifs, le 10, 11 et 12 avril [1749]; le 13, ils [les paroissiens] ont fait un grand office, et le 14, ils ont fait une procession à l'honneur de Saint-Roch. La misère est sans doute la cause de cette maladie. L'on n'avoit point ceully de seigle pour semer, les gens n'ont eu d'autre nourriture que de bouillie de mauvaise avoine, qui avoit grellé et encore gellé les 6, 7 et 8 septembre [1748]".

Le curé de la paroisse TOURY invoque la protection de Saint-Roch lors d’une procession. Dans une lettre du 22 avril, il peut annoncer au subdélégué la cessation miraculeuse de l’épidémie. Le mois suivant, le subdélégué confirme dans une lettre la fin de la maladie. Par la suite est construite sur le promontoire de Châteauneuf une croix en hommage au protecteur de la paroisse. Une statue du saint est conservée dans ce monument (l'actuel a été érigé en 1949) ainsi que dans une nef latérale de l'église paroissiale.

Saint-Roch est né à Montpellier vers 1295 ; devenu orphelin, il part à 20 ans en pèlerinage pour Rome après avoir distribué ses biens aux pauvres. Au cours de son chemin, il s'arrête dans quelques hospices pour soigner et panser les plaies des malades; on dit qu'il leur rendait miraculeusement la santé par le signe de croix, ses soins allant de préférence aux pestiférés, parmi lesquels certains furent soignés à Cesne, Acquapendente, Rome et ailleurs.

Quand il revient dans sa patrie vers l'âge de 30 ans, il contracte la peste et se retire dans un bois où il est nourri par un bûcheron et son chien (représenté dans la statuaire du Saint) qui chaparde de la nourriture dans les maisons avoisinantes. Roch est alors défiguré par les mortifications subies ; à Montpellier, déchiré par une guerre civile, il fut pris pour un espion et jeté au cachot. Là, il mourut de misère vers l'an 1327 et ne fut reconnu que trop tard par ses concitoyens.

Dans l'art, saint Roch est très souvent représenté en compagnie de son chien accroupi à ses côtés. Il montre avec son doigt le bubon de peste apparu sur son genou ou sur sa cuisse.

 

Un crime : Le matin du vendredi 24 décembre 1948, sa voiture bloquée par la barrière du passage à niveau n°293 de La Cluze, M. VAURY pénétrait dans la maison du garde-barrière et découvrait quatre jeunes enfants en pleurs ainsi que les corps sans vie et ensanglantés de leurs parents, Jean-Marie CASSAGNES et son épouse Janina SZMAJDZINSKA, âgés respectivement de 26 et 24 ans.

   
 Les corps étaient criblés de balles de 7,65 mm et le contenu des armoires et tiroirs jeté pèle-mèle à même le sol. Il s'avérait que les enfants, qui dormaient au premier étage, ne s'étaient aperçus de rien et qu'Irène, la fille aînée alors âgée de 7 ans, après avoir découvert le crime, s'empressa consciencieusement de faire fonctionner elle-même le mécanisme de la barrière du passage à niveau à l'approche du permier train de la journée. Privé de lait maternel pendant plus de 24 heures, le dernier né se trouvait dans un état grave. Les enquêteurs du service régional de police judiciaire de Clermont-Ferrand écartaient rapidement le mobile du cambriolage, estimant le pillage de la maison comme étant une mise en scène, et privilégiaient la thèse d'une vengeance à l'écart du couple.

Les soupçons de la police judiciaire se dirigèrent vers trois ouvriers algériens dont Jean-Marie CASSAGNES avait été leur chef de chantier. Au cours d'une altercation quelques semaines auparavant sur un chantier de réfection de la voie ferrée, il avait été menacé de mort par l'un d'entre eux. Ce dernier, Mahmoud TIGHERMINE, marié, sans enfants, manoeuvre âgé de 36 ans et originaire de la région de Constantine, était arrêté dans la nuit du 13 au 14 janvier 1949 lors d'un vol dans un wagon stationné en gare de triage de Villeneuve-Saint-Georges (94). L'inculpé était écroué à la maison d'arrêt de Corbeil après avoir avoué son double crime. Ses deux complices, Mouloud MOUSSAOUI (célibataire, manoeuvre, âgé de 30 ans) et Mouloud BELKADI (célibataire, peintre, âgé de 32 ans), qui étaient interpellés au cours des jours suivants, se seraient contentés de fouiller la maisonnette et de dérober une montre de faible valeur, des draps, divers objets ainsi que la somme de 9 000 anciens francs.

   

La reconstitution judiciaire du double assassinat était réalisée à La Cluze fin janvier 1949 ; TIGHERMINE se rétractait en accusant MOUSSAOUI du crime tandis qu'il serait resté dehors à faire le guet, version contestée par ses complices. Quelques mois plus tard, TIGHERMINE tentait de s'évader de la maison d'arrêt de Riom. Les trois suspects étaient mis en accusation et renvoyés devant la Cour d'assises du Puy-de-Dôme par arrêt rendu le 31 mai 1949.


Le 28 octobre 1949 s'ouvrait à Riom le procès des trois accusés devant la Cour d'assises sous la présidence du conseiller Charles COHENDY (1897-1976), le ministère public étant représenté par l'avocat général Bernard SALINGARDES (1908-1996). Défendu par Me BONIEUX, du barreau de RIom, TIGHERMINE avait par le passé déjà été condamné à mort par contumace par le Tribunal militaire d'Alger en 1946 pour trahison ; il avait réussi à s'évader et à venir en France métropolitaine.

Le 29 octobre, la Cour d'assises condamnait à la majorité absolue TIGHERMINE à la peine de mort pour assassinats et vol qualifié ; le jury ayant admis des circonstances atténuantes à leur égard, ses deux complices étaient condamnés à la peine des travaux forcés à perpetuité. Son pourvoi en cassation ayant été rejeté le 14 décembre 1949, TIGHERMINE était guillotiné dans la cour de la maison d'arrêt de Riom le 15 mars 1950 à 06 heures 35. Il s'agissait de la 163ème exécution capitale de l'exécuteur en chef des arrêts criminels de France Jules Henri DESFOURNEAUX (1877-1951) et TIGHERMINE était le dernier condamné à mort exécuté en Auvergne. Dix ans plus tard, la peine de BELKADI, alors détenu à la maison centrale de Nîmes, était commuée à vingt ans de travaux forcés.

Les deux victimes reposent au cimetière de Saint-Jacques des Blats (15), non loin de Thiézac d'où était originaire Jean-Marie CASSAGNES.

           

Thibault FOURIS