Des personnalités

 

"Les notables du pays"

Un instituteur : Surnommé le grand apôtre de la reforestation, Marius VAZEILLES était un homme passionné. Humaniste convaincu, il fait partie des hommes dont le souvenir reste gravé dans la mémoire du monde rural en Massif Central.

Né le 29 juillet 1881, à Messeix dans le Puy de Dôme, fils d'un garde forestier, il est dès son plus jeune âge au contact de la nature et du monde de la paysannerie dans le pays de l’Artense. En attendant ses 25 ans, âge requis pour entrer dans l'Administration des forêts, il est nommé au sortir du service militaire instituteur stagiaire et exerce à Saint-Sauves d’Auvergne en 1905-1906 où il se rend compte que « l’ignorance est cause de tout le mal » et que « les paysans passent leur temps en procès lors de successions, bornage, routes ».

Marius VAZEILLES     Rue de l'école

Par la suite, entre 1910 et 1912, Marius VAZEILLES occupe le poste de garde général des eaux et forêts à Mauriac (Cantal). En 1913, il est détaché au service des améliorations agricoles et s'installe à Meymac (Corrèze). Pendant la guerre, il est mobilisé mais Henri QUEUILLE intervient afin qu'il soit détaché de l'amée pour mettre en valeur le plateau de Millevaches. En 1919, il quitte l'administration des Eaux et Forêts, devient expert forestier et est à l'initiative de la première pépinière forestière du Plateau de Millevaches (en 1913). Il plante 38 hectares d'arboretum et introduit 400 nouvelles espèces forestières au Puy Chabrol. Durant toute sa vie, il ne cesse de lutter contre la pauvreté paysanne, conseillant la population locale d'investir dans la sylviculture.

Membre du parti socialiste SFIO, il rejoint le parti communiste dès le congrès de Tours en 1920. Élu député du Front populaire pour la circonscription d'Ussel, il entretient une amitié forte avec un autre auvergnat célèbre, Alexandre VARENNE, écrivain et directeur du quotidien régional La Montagne. Ayant approuvé la signature du pacte germano-soviétique et adhéré au groupe ouvrier et paysan français (créé en remplacement du groupe communiste dissous à la Chambre des députés), il est arrêté le 8 octobre 1939, déchu de son mandat le 21 janvier 1940, et condamné le 3 avril par le troisième tribunal militaire de Paris à 4 ans de prison avec sursis et 5 ans d'interdiction de séjour. Il est placé en résidence surveillée à Tauves jusqu'à la libération de la région en août 1944. Pendant cette période, il prospecte les sites archéologiques du massif du Sancy et de l'Artense. Il se désolidarise du parti communiste en février 1940 et est exclu le 30 décembre 1944. Il est décédé le 7 juin 1973 à Meymac..

Mais Marius VAZEILLES est également passionné par l'archéologie. C'est en cherchant le passé de la forêt qu'il est conduit vers le passé de l'homme. Il devient ainsi un spécialiste des époques gauloises, gallo-romaines et mérovingiennes. Ses découvertes et ses recherches, constituées par plus de 150 études, sont regroupées au Musée Marius VAZEILLES à Meymac. Il était officier de la Légion d'Honneur, commandeur de l'ordre national du Mérite, officier de l'ordre des Palmes académiques et officier du mérite agricole.


Un médecin : Né à Saint-Sauves le 31 octobre 1774, troisième fils de François (1751-1840, maire de Saint-Sauves dont l'aïeul, Jean BERTRAND y est né le 26 mars 1644) et de Anne BURIN DESROZIERS, Michel BERTRAND fut médecin-inspecteur des eaux du Mont-Dore (il succède à son beau-père, Pierre PEYRONNET de Rochefort, par décret du 1er août 1805 ; lui même laissera sa place à son fils Pierre), créateur de l’établissement thermal et inventeur des vestiges gallo-romains de cette commune ; Il a remporté l'un des quatre grands prix de l'école pratique de médecine. Désigné le 22 ventose an V par la municipalité du canton de Tauves pour suivre les enseignements de l'École de santé de Paris, Michel BERTRAND débute à Clermont-Ferrand à 26 ans comme "professeur d'accouchement" et devient en 1802 professeur de physique et de chimie à l'École centrale, puis médecin à l'Hôtel-dieu, de 1807 à 1833.

Acte de baptème de Michel BERTRAND

Michel BERTRAND épouse le 10 octobre 1805 (18 vendémiaire an XIV) à Rochefort Joséphine Marie-Anne PEYRONNET (1791-1862) et est père de Pierre (3 septembre 1806 - 29 octobre 1887), chevalier (1855) puis officier de la Légion d'honneur (1870), docteur en médecine, directeur honoraire de lcole préparatoire de médecine et de pharmacie de Clermont, et de Marie-Julie (28 mars 1808 - 25 mars 1891), épouse d'Antoine Gilbert Armand LUCAS-LAGANNE (5 juillet 1798 - 17 novembre 1858), vice-président du tribunal civil de Clermont-Ferrand.

Le Docteur Michel BERTRAND

Il est élu en 1820 à l'Académie de médecine de Clermont-Ferrand, membre de la commission des eaux minérales naturelles et artificielles, associé non résidant de l'Académie royale de médecine et membre de plusieurs sociétés savantes. Promu officier de l'ordre royal de la Légion d'honneur le 22 janvier 1843 (nommé chevalier dans cet ordre le 1er mai 1821), il est également élu l'année suivante conseiller général de Rochefort (trois mandats consécutifs). Il acquiert un large crédit auprès du duc d'Orléans, futur Louis-Philippe, de la duchesse de Berry, belle-sœur de Charles X, et de la duchesse d'Angoulême, fille de Louis XVI. Fervent monarchiste, il manque d'être démis de ses fonctions en 1815, pendant les Cent jours, et en 1833, pour avoir soutenu l'action de la duchesse de Berry.

Michel BERTRAND est décédé à Clermont, au numéro 7 du boulevard de la Pyramide, le 30 octobre 1857 et a été inhumé au cimetière des Carmes ; il fut l’auteur de « Recherches sur les propriétés physiques, chimiques et médicinales des eaux du Mont-d'Or » (1810, réédité en 1823), de diverses publications scientifiques et innova la méthode de traitement par inhalation. Grâce à lui, la fréquentation de la station du Mont-Dore va passer de 400 à 2000 touristes par an (en 1860).

LE MONT-DORE - établissement thermal, grand escalier et groupe de baigneurs en costume    Ouvrage de Michel BERTRAND

À noter les recherches publiées en 1925 sous le titre "De la cautérisation ignée" dont l'auteur de cette thèse, Jean Baptiste François Émile MONTEL, est né à Saint-Sauves (52 pages, broché, in-8).

À noter également des anecdotes relatives au docteur Emile RIBEROLLES, maire de Saint-Sauves en 1897. Outre la création du corps des pompiers de la commune en 1899, il se distingua en faisant partir le curé en surtaxant la cure avant que celui-ci ne revienne à la demande de la population en "émeute". Il opéra également sur une table de cuisine son neveu Paul FERREYROLLES atteint du croup, le sauva et lui transmit le goût de la médecine. Celui-ci devint en 1932 un pionnier en France de l'acupuncture ainsi qu'un homéopathe renommé à La Bourboule, ville dont il était pendant de longues années conseiller municipal. Il décéda subitement d'une crise cardiaque le 5 juin 1955 à l'âge de 75 ans dans sa propriété de Saint-Sauves.

[article aimablement complété par M. Marcel BOUTEILLER]

 

Un peintre : Fonctionnaire des Ponts et Chaussées, Jean-Baptiste Armand GUILLAUMIN (1841-1927) a étudié la peinture à l’Académie Suisse où il rencontra en 1863 Paul CÉZANNE et Camille PISSARRO. Avec ses amis "naturalistes", il commença à pratiquer la peinture de paysages en plein air, qui lui permit d’exercer ses talents de coloriste.

Autoportrait d'Armand GUILLAUMIN

Signature de Guillaumin

En 1891, il gagna à la loterie nationale une somme importante qui lui permit de se consacrer exclusivement à la peinture et de voyager dans le midi, en Auvergne et en Hollande, pour se fixer finalement dans la Creuse.

la polychromie stridente que Armand GUILLAUMIN développa à partir de ces années-là fit qu’il ne fut malheureusement jamais considéré à l’égal des grands peintres impressionnistes. C’est en 1885, sous l’influence de Paul SIGNAC, dont il ne subit pas la technique pointilliste, que ses tons devinrent plus vifs et arbitraires et sa touche plus serrée, produisant des contrastes violents.

Il a également réalisé entre 1895 et 1900 plusieurs huiles sur toile représentant des vues du bourg et des environs de Saint-Sauves d'Auvergne. Une rue du bourg porte aujourd'hui son nom.

 

 


"Vue de Saint-Sauves" (1895) et "Le Sancy vu de Saint-Sauves" (1896), acquis par le musée d’art Roger Quilliot (Clermont-Ferrand)




"Paysage de Saint-Sauves" (1900) et "Hiver à Saint-Sauves" (1900)



"Saint-Sauves sous la neige" (1899) et "Vue de Saint-Sauves sous la neige" (1900)

À  noter les oeuvres d’un peintre portugais reconnu, Henrique POUSÃO (Villa Viçosa, 1er janvier 1859 - Villa Viçosa, 20 mars 1884). Influencé par la peinture naturaliste française contemporaine, il obtient une bourse en 1881 pour étudier à Paris où il s'occupe du studio d'Alexandre Cabanel. En février 1881 il s'inscrit à l'école des Beaux-arts, mais sa santé sensible l'oblige de se rendre à La Bourboule en cure thermale. De là, il adresse des toiles au musée de Porto, dont « Paysage de Saint Sauves » (1881) exposé au Museu Nacional de Soares dos Reis (Porto, Portugal) et « Village de Saint Sauves » (1881).

Portrait d'Henrique POUSÃO (1859-1884)  « Paysage de Saint Sauves »    Monument en hommage à Henrique POUSÃO (Vila Viçosa, à Alentejo -Portugal-)

Cadre d'inspiration idéal pour les artistes, le bourg de Saint-Sauves a été peint ou dessiné par de nombreux artistes.

                   



Un révolutionnaire : Intime et fidèle de ROBESPIERRE, le député paralytique de l'Auvergne, Georges COUTHON, devint, en 1793 avec Louis Antoine de Saint-Just, membre du Comité de Salut Public. Il joua dans le procès de Louis XVI un rôle important et prit ensuite une part active à la répression de la révolte de Lyon (1793) ; il fit nommer un comité de démolition de la ville mais ne voulant assumer le caractère odieux de cette mesure, il se fit rappeler par la Convention. Sa mission terminée, il revint siéger au Comité de Salut Public et fit voter la loi du 22 Prairial An II (10 juin 1794) instituant " la Grande Terreur" (ordonnant notamment la saisie et la destruction des biens du clergé). Il fut guillotiné à Paris le 10 Thermidor An II (28 juillet 1794) suite à sa mise hors la loi, par décret de la Convention du 9 Thermidor An II, et sa condamnation à mort comme traître à la Patrie.

Or cette page de l’histoire de France puise ses origines, méconnues, dans l’histoire de Saint-Sauves. En efet, Georges Auguste COUTHON est né le 22 décembre 1755 à Orcet, village du Puy-de-Dôme situé à une dizaine de kilomètres de Clermont-Ferrand. Il fut l'un des plus brillants avocats de Clermont-Ferrand et fit partie du comité judiciaire de l'assemblée provinciale d'Auvergne. Complètement paralysé et ne se déplaçant qu'à dos d'homme ou en fauteuil roulant, une cure au Mont-Dore ne faisant qu’aggraver son mal, il n’en fut pas moins élu député en 1791 à l'assemblée législative puis à la Convention nationale.

Portrait de Georges COUTHON      

Son père, Joseph COUTHON, y exerçait la charge de notaire royal. Sa mère, Marie LAFOND, était la fille d'un marchand de bestiaux clermontois. De leur mariage en 1751 naquirent huit enfants parmi lesquels quatre moururent en bas âge ; Georges était le quatrième de la famille.

Joseph COUTHON embrassa la carrière de notaire, s'inscrivant dans une lignée remontant au moins à deux générations ; son grand-père paternel, natif du village de Beauberty (alors orthographié Bosberty), était notaire à Saint-Sauves, de même que son grand-père maternel, le lieutenant de bailliage Gilbert TROTTIER, possédait un office notarial dans la paroisse de Saint-Sauves avant qu'une partie des descendants ne s'installent à Orcet au début du XVIll ème siècle et y fassent souche.

Berceau de la famille de ce personnage contesté de la Révolution française, le village de Beauberty ne conserve aujourd'hui aucun vestige, si ce n’est le souvenir de l’existence de la « maison de COUTHON ».

Évolution du village de Beauberty entre 1824 et 1986 (J.-M. SAUGET)

Source : Couthon, de Martine BRACONNIER (éditions du Roure - 1996)


 Des entrepreneurs : Deux saint-sauviens se sont distingués au début du XXème siècle pour leurs réalisations comme entrepreneurs de travaux publics : Pierre CHOCOT et Jean Louis GARENNE.

Fils de Pierre CHOCOT, aubergiste, et de Jeanne BATTUT, Pierre CHOCOT est né le 6 décembre 1870 au Pont de Saint-Sauves. Il se marie à Marie Louise MEYNIAL (née le 20 août 1874 Laqueuille, décédée le 25 décembre 1917 à Saint-Sauves) le 2 janvier 1897 à Laqueuille.

Le couple a deux filles : Jeanne Marie CHOCOT est née le 6 novembre 1897. Mariée le 22 janvier 1921 à Georges Joseph BERTRAND, elle est décédée le 5 mai 1985 à Saint-Sauves. Sa soeur cadette Marie Eugénie CHOCOT est née le 28 septembre 1899 et est décédée le 29 juin 1998 à Saint-Sauves. Restée célibataire, elle a participé activement aux affaires de son père.

Tout d'abord charretier, Pierre CHOCOT devient entrepreneur de travaux publics au Pont de Saint-Sauves. Il édifie notamment le barrage sur la Dordogne au lieu-dit "La Collonge". Cet édifice est concédé en mai 1921 par sa société anonyme "La Haute-Dordogne Force et lumière" à "L'énergie industrielle". Il participe également à l'exploitation de la carrière de basalte de Chez Chabosy (aujourd'hui entreprise COUDERT) avec les entrepreneurs de travaux publics belges Chrétien et Louis LIMIERE et Emile MACQ. Les associés déposent en août 1922 les statuts de la "société anonyme des carrières de basalte de Saint-Sauves".

Les chantiers entrepris par Pierre CHOCOT verront l'installation sur la commune de Saint-Sauves de nombreux ouvriers originaires du Limousin et notamment de Corrèze, dont nombre de descendants sont présents encore aujourd'hui. Décédé le 30 octobre 1942, Pierre CHOCOT est inhumé au cimetière de Saint-Sauves d'Auvergne.

Né le 9 mars 1866 à Tauves (village de Manaranche) de Joseph GARENNE, cultivateur, et d'Anne GUITTARD, Jean Louis GARENNE se marie en 1895 à BIZERTE (Tunisie) avec Charlotte GAUCHER après un passage au 2ème puis au 5ème bataillon d'infanterie légère d'Afrique. Il fonde une entreprise de construction en Afrique du nord, notamment en Tunisie de 1890 à 1912 puis au Maroc. Sous le protectorat du résidant général Hubert LYAUTEY, son entreprise participe à la construction de la voie ferrée Alger - Oujda - Casablanca. Prospérant au cours de la première guerre mondiale, Jean Louis GARENNE est adjudicataire d'importants chantiers de travaux publics en France ou l'étude, le financement, la construction et la promotion de zones urbaines au Maroc et en Algérie.

En 1939, président et actionnaire de sa société, il est également actionnaire de la compagnie de navigation marocaine, de l'hippodrome de Casablanca, de sociétés minières et des deux principaux journaux marocains : La Vigie et le Petit Marocain.

    

Il entretient également des relations avec les hommes politiques de son temps, notamment su sénateur Jacques BARDOUX, qu'il reçoit dans sa propriété de "l'Enclos" à Saint-Sauves d'Auvergne qu'il acquiert en 1914. Radical, il est élu maire de Tauves (dont une fontaine rappelle son souvenir sur la place principale) en 1919, conseiller général de 1925 à 1939 et membre de la commission départementale. Doté d'un fort tempérament, il se passionne pour les courses automobiles et apprécie de conduire. D'ailleurs, il entreprend en 1916 de se rendre en voiture de Tunis à Casablanca par Bizerte, Constantine, Alger, Oran, Oujda, Taza, Fez, Meknès et Rabat.

Jean Louis GARENNE est décédé à la polyclinique de Clermont-Ferrand le 21 mars 1939 à l'âge de 73 ans des suites d'une congestion pulmonaire. L'office funèbre a été célébré le 24 mars à 15 heures en l'église de Saint-Pierre-les-Minimes de Clermont-Ferrand avant l'inhumation du défunt dans le cimetière de Bizerte (Tunisie). Le parc municipal de Saint-Sauves d'Auvergne, ancienne propriété de Jean Louis GARENNE, porte son nom.


La famille GARENNE est apparentée aux LAMIRAND dont le plus célébre est Georges. Né à Toulouse le 12 juin 1899 de Jean-Baptiste LAMIRAND et de Jeanne GUIRAUD (fille d'un professeur de piano et d'une professeur de chant), Georges François Victor LAMIRAND fait ses études à Paris au lycée Louis IV, où il a notamment pour ami Léo LAGRANGE, puis réussit le concours de l'école Centrale et devient ingénieur des Arts et Manufactures.

Son père est né à Saint-Sauves le 5 juillet 1871 d'un couple d'instituteurs et décédé le 9 septembre 1958 à Lannemezan. Il avait été reçu major de l'école nationale supérieure en 1891, agrégé de physique en 1894, professeur au lycée de Toulouse puis à Paris au lycée Saint-Louis en 1904, inspecteur général de l'instruction publique de 1910 jusqu'à son admission à la retraite à compter du 1er octobre 1937. Il était commandeur de l'ordre de la Légion d'honneur.

Louis RENAULT nomme Georges LAMIRAND directeur des usines de Billancourt en 1940, puis accepte de le "prêter" au maréchal PETAIN qui insiste pour lui confier le nouveau secrétariat d'Etat à la jeunesse. Georges LAMIRAND occupe ces fonctions ministérielles du 27 septembre 1940 au 24 mars 1943 dans les gouvernements Laval, Flandin et Darlan. Son poids est relatif dans le processus décisionnel de ces gouvernements car son portefeuille se limite au contrôle et à la coordination des mouvements de jeunesse. Cependant, il est un élément non négligeable de la symbolique maréchaliste auprès de l'opinion publique, notamment grâce à ses nombreux déplacements et prises de parole publiques dont des extraits sont diffusés dans les actualités. Epoux de Lucie MATRUCHOT, il réfugie sa famille pendant la guerre auprès d'une famille de Saint-Sauves.

Georges LAMIRAND (en veste claire)

Jugé en juillet 1947 par la Haute Cour de justice pour sa contribution à la Révolution nationale, la juridiction reconnait ses tentatives de secours en faveur de jeunes israélites. De même, il aurait également cherché à convaincre le maréchal PETAIN de partir pour l'Afrique du Nord au moment du débarquement des alliés et de l'invasion de la zone sud. Le 25 juillet 1947, il bénéficie d'un non-lieu. Il s'installe ensuite au Maroc où il fonde une société d'investissements (SIGMA). Elu maire de La Bourboule de 1955 à 1971 sous l'étiquette "républicain indépendant" (il est interviewé dans son bureau en 1969 pour le film "le chagrin et la pitié", documentaire de Marcel OPHÜLS dressant une chronique de la vie à Clermont-Ferrand entre 1940 et 1945), il est président de 1980 à 1984 de l'association pour défendre la mémoire du maréchal PETAIN, puis président d'honneur jusqu'à son décés survenu le 5 février 1994 à Juvisy-sur-Orge.

Sa fille Geneviève (née le 16 mai 1927, décédée le 19 août 1986) est l'épouse de Jean-Marie BASTIEN-THIRY depuis février 1955. Né le 19 octobre 1927 à Lunéville, cet ingénieur militaire, polytechnicien et lieutenant-colonel de l'armée de l'air a été fusillé le 11 mars 1963 au fort d'Ivry en qualité d'organisateur de l'attentat du Petit-Clamart contre le général de Gaulle le 22 août 1962. Partisan de l'Algérie  française, il est le dernier condamné à mort par une cour militaire en France. Exécuté au fort d'Ivry-sur-Seine le 11 mars 1963, il a été inhumé dans le cimetière de Bourg-la-Reine.







Un musicien : Né le 15 mars 1865 à Neufchâtel, en Suisse, Charles SCHWAB dit AMSTUTZ vient très jeune en France où il s'instruit. Elève au conservatoire national de musique de Paris, il fait la connaissance en 1894 de son maître de déclamation lyrique Pierre-Léon MELCHISSEDEC (celui-ci est né à Clermont-Ferrand le 7 mai 1843. Artiste lyrique, baryton, il est décédé le 23 mars 1925 à Neuilly sur Seine).

De 1895 à 1917, professeur de musique, Charles AMSTUTZ est également premier violon de l'orchestre du Casino de Vichy et fait de nombreux voyages, notamment aux États-Unis et en Égypte. En 1917, il quitte Vichy et achète une maison près de l'église de Saint-Sauves. Il y donne encore des leçons de musique (de piano, d'accordéon ou de violon avec son instrument Stradivarius) ainsi qu'à La Bourboule et au Mont-Dore et ce, jusqu'à son décès qui survient le 27 octobre 1947, laissant son épouse, Anne PRADIER (née le 13 janvier 1867 à Cisternes), gravement malade qui décède à son tour le 23 août 1948 à Saint-Sauves d'Auvergne. Gardien jaloux de ses compositions, il est l'auteur d'une "Entrée à Pékin" et de "Reine de beauté".


Un résistant : Parmi les noms des onze tués et disparus de la guerre 1939-1945 inscrits sur le monument aux morts de Saint-Sauves d'Auvergne figure celui d'un ressortissant britannique réfugié avec son épouse dans la commune pendant la guerre : William Thomas Lloyd SHORT.

Fils de William SHORT, commerçant, et de Hannah DAVIES, William Thomas Lloyd SHORT est né le 23 mai 1902 au 38 Charlotte Street (aujourd'hui 105 Hallam Street) à Londres. Avant de venir vivre en France, il est domicilié non loin de Manchester au 17 Broad Walk à Wilmslow. Il se marie le 9 septembre 1929 à Asnières (92) avec Marie Elisa VERNET. Fille d'un couple d'institeurs publics, Pierre VERNET et Marie DEGEORGE, Marie VERNET est née le 11 septembre 1895 à Chadeleuf (63).

Ingénieur électricien, William Thomas Lloyd SHORT est administrateur de la société "La thermostatique", une société anonyme située au 117-119 rue de Romainville aux Lilas (93) spécialisée dans la fabrication des thermostats, des vannes et des résistances. Avec la défaite de 1940 et l'occupation de la zone nord, le couple vient se réfugier à Saint-Sauves d'Auvergne ; il est hébergé par Louis BRANDELY, son épouse Mathilde et leurs enfants Pierre et Ginette, tout d'abord chez eux au Pont puis au premier étage d'une maison située sur la place principale du bourg.

William Thomas Lloyd SHORT ne reste pas inactif et décide de rejoindre la résistance française en intégrant en janvier 1944 les Mouvements Unis de la Résistance (M.U.R.) d'Auvergne, dirigés localement par le docteur Willy MABRUT (alias "Tonton"). Plongeant dans la clandestinité, il adopte le pseudonyme de "Jack" et appartient successivement aux maquis de Prondines, de Larfeuille (situé sur la commune de Briffons) puis en mai 1944 au camp de Saint-Genès-Champespe. Ses compétences dans le domaine électrique sont mises à profit pour prendre en charge le service des transmissions radio.

Lors d'une mission le 22 août 1944 vers 11 heures, son véhicule, revétu de la croix de Lorraine et conduit par le capitaine F.F.I. Benoît Edouard FRADIN (alias "Daladier"), vient du secteur de Bourgeade et tombe dans une intersection du bourg de Tortebesse sur une colonne allemande venant de Briffons après avoir dégagé la garnison allemande d'Egletons et rejoignant Clermont-Ferrand en empruntant des routes secondaires. Alors à l'arrêt, les soldats allemands, appartenant à la brigade Jesser, ouvrent le feu sur les trois occupants, dont deux parviennent à s’échapper. Le troisième, blessé, William Thomas Lloyd SHORT, est sorti du véhicule, fouillé et exécuté par une trentaine de balles et des coups de baïonnette. Sa veuve identifie le corps qui est ramené à Saint-Sauves où une veillée funèbre se tient dans la salle de la mairie en présence de deux maquisards. Il est inhumé au carré de la Commonwealth War Graves Commission dans le cimetière des Carmes à Clermont-Ferrand.

Marie VERNET a vécu encore quelques années après-guerre à Saint-Sauves où elle continue d'enseigner l'anglais au cours complémentaire de l'école de La Bourboule ; elle est décédée le 24 avril 1976 à Vichy (03).

William Thomas Lloyd SHORT est reconnu Mort pour la France, "homologué lieutenant F.F.I. du maquis de Prondines du 1er janvier au 5 avril 1944, du camp de Saint-Genès-Champespe du 6 avril au 20 juin 1944 et de la zone de guérilla n°3 du 21 juin au 22 août 1944". Le 8 octobre 1953, il a reçu la carte de combattant volontaire de la Résistance à titre posthume. Un monument commémoratif a été édifié sur les lieux de son exécution.

   

Un bandit : Antoine Victor MORNAC était un instituteur libre de Laqueuille, issu d’une famille noble composée notamment de deux chevaliers de Malte et d’un jurisconsulte. Né à Laqueuille le 13 octobre 1802 (21 vendémiaire an XI) de François MORNAC, officier de santé lui-même né d'un chirurgien de Messeix, et de Marie TARDIF, fille d’un grand propriétaire, il avait deux sœurs, Marie Julie née en 1790, Catherine née en 1798 et un frère, Michel né en 1795.

Il était décrit sur les registres d’écrou comme mesurant 1,75 m, « cheveux et sourcils châtains clairs, front découvert, yeux gris, nez moyen, bouche moyenne, menton rond, barbe forte, visage ovale, teint clair,… chauve, traces d’un coup de feu à la cuisse gauche ».

Réputé pour sa rudesse et son audace, marcheur sans égal, il commit son premier larcin à Saint-Sauves en frappant deux jeunes gens du village. Il devint progressivement la terreur de toute la contrée. Le 31 août 1826, il fut condamné par le  tribunal correctionnel de Clermont à 15 jours de prison « pour rébellion à la force publique » pour avoir insulté des gendarmes en patrouille dans une fête patronale et purgea effectivement cette peine ; le 4 octobre 1827, il fut condamné à un mois de prison par le tribunal de Clermont puis acquitté en appel pour excès et mauvais traitements. Le 13 juin 1828, il blessa très violemment un collègue instituteur et prit la fuite. Le Tribunal de Clermont le condamna par défaut à deux ans de prison pour coups et blessures.

Alors devenu vagabond et « maître d’école non autorisé », il se « soustrait pendant cinq années aux recherches de la police » ; son existence fut jalonnée par les vols et les agressions. Des traques furent organisées sur les communes de Laqueuille et de Saint-Sauves. L’une de ses dites planques est encore visible aujourd’hui au nord du bourg de Laqueuille.



Couverture de la Revue d’Auvergne littéraire n°108, 1944 - Image d’Épinal d’Adrien MITTON

Portrait imaginaire de MORNAC d’après Georges BEGON

Cependant, MORNAC resta insaisissable grâce à ses déplacements fréquents et à ses informateurs. En 1834, il fut capturé à Laqueuille et condamné le 19 août 1834 à 10 ans de travaux forcés pour « vol conjointement par plusieurs personnes, la nuit dans une maison habitée, à l’aide d’effraction intérieure, avec violence et menaces de faire usage d’armes apparentes », en l’espèce l’agression en bande organisée de Jean CHAMPSEAUME à Feix (commune de Saint-Julien). Le jugement fut confirmé en cassation le 12 septembre 1834. Il purgea sa peine au bagne de Toulon du 19 octobre 1834 au 12 septembre 1844 sous le matricule 26.869.

Un journal de l’époque disait alors que « MORNAC jouit de la plus affreuse réputation. Il est l’effroi de la montagne. On ne se fait pas d’idée de la crainte que son nom inspire ».

Assagi à son retour, il s’installa en résidence surveillée à Laqueuille mais ne put s’empêcher de récidiver en commettant des agressions et des vols auprès d’habitants, notamment aubergistes, de la région de Laqueuille, Bourg-Lastic, Rochefort-Montagne… À titre anecdotique, en 1848, il posa le drapeau rouge sur le clocher de l’église de Laqueuille avant de le retirer aussitôt.

Accusé par la rumeur publique d’être l’auteur des meurtres du marchand de bestiaux Jean BARRIER et de Marien BONY, retrouvés agonisants et delestés de leur bourse le 29 septembre 1849 entre Pont des Eaux et Rochefort-Montagne pour le premier et le 11 juin 1850 près du Trador (Laqueuille) pour le second, il fut à nouveau traqué par la Gendarmerie, appréhendé et relâché faute de preuves. En janvier 1851, il réussit à s’échapper d’une filature organisée par le gendarme HARNÉ, de la brigade de Rochefort-Montagne. Redoublant d’audace, il fut reconnu à la fête patronale de Briffons et pris à partie par la population en colère.

On rappelait également l’affaire DUCOIN, voiturier à Tauves, qui donna un grand coup de barre de fer à MORNAC qui lui barrait le chemin à Méjanesse. Ce fait fut rapporté au maire, ce qui l'obligea à faire rechercher  MORNAC. Le malfaiteur fut trouvé dans un piteux état, niant pendant un court moment sa rencontre avec DUCOIN avant de reconnaître la véracité des faits.

Enfin, en août 1851, à 18H, près d’une de ses caches, une grange abandonnée de Méjanesse, il fut blessé à la cuisse droite par le gendarme HARNÉ mais parvint à s’échapper. Soigné au Jansanet où habitait « un excellent homme très humain, incapable d’une vilenie, le docteur VEYSSET », MORNAC se rendit ensuite à la maison de santé du Docteur PELLISSIERE, de Chamalières. Dénoncé, il y fut arrêté le 6 septembre 1851 à minuit. Le 26 mai 1852, il était condamné en appel à 12 semaines de prison pour « destruction  d’un cheval ».

Jugé avec BOUCHAUDY par la Cour d’assises du Puy de Dôme du 5 au 8 août 1852, juridiction présidée par le Conseiller DUCLOSEL avec la présence de M. ANCELOT, avocat général, MORNAC fut défendu par Me BARSE. Il était poursuivi de la prévention de « vols commis sur un chemin public, la nuit, à l’aide de violences ayant occasionné des blessures et de deux homicides volontaires ayant précédé, accompagné ou suivi les dits vols (circonstances atténuantes) ».

Parmi les jurés figurait en 10ème position l’ancien notaire de Saint-Sauves François FAUVERTEIX. Également, une centaine de témoins défilèrent à la barre ; le verdict prononcé à l’issue de la dernière journée vers 20 heures le condamna aux travaux forcés à perpétuité. Son pourvoi en cassation fut rejeté le 27 août 1852. Selon Jean de CHAMPEIX, il fut « transféré le 7 septembre 1852 à Cayenne, y subit un traitement très difficile et y décéda rapidement ».

En revanche, Pierre BALME fixa son transfert au 24 septembre et ce, pour le bagne de Toulon.

Aussi, une recherche auprès des Archives historiques de la Marine de Toulon et publiée en 2004 a établi que MORNAC avait effectivement été transféré à Toulon sous le matricule 25.514. Nous savons également qu’il a été puni disciplinairement entre autres pour injure et désobéissance.

Il fut « détaché de la chaîne le 19 octobre 1862 et mis à la disposition de Monsieur le Maire de la ville de Toulon pour être transféré comme sexagénaire dans une maison de force conformément à l'article 5 de la loi du 30 mai 1854 » instaurant la « retraite » à 60 ans pour les bagnards. Le concernant, il fut transféré à la forteresse de Belle-Ile-en-Mer le 15 décembre 1862, y séjourna 7 ans avant d'être déclaré aliéné mental puis transféré à l’asile de Léhon où il décéda à l’âge de 67 ans le 31 décembre 1869.

Cependant, ce « fait divers » a fait l’objet de plusieurs récits, d’enquêtes partiales et de proses à sensation, accroissant la difficulté de distinguer la légende de la réalité quant aux méfaits présumés et à la mort de MORNAC.

Néanmoins, une remarquable biographie de MORNAC par Bernadette FOLL est proposée sur le site du Cercle Généalogique et Historique Champanellois : « Sur les traces d’un bandit de grand chemin, Antoine Victor MORNAC ». Ce personnage continue également de susciter l'intérêt des historiens et des journalistes.

Cf. Jean de CHAMPEIX, « Les Exploits de Mornac » Imprimerie typographique et lithographique Mont-Louis,1892

Pierre BALME, « MORNAC La terreur des montagnes », 1944 .
 

Des missionnaires : La commune de Saint-Sauves dénombre deux missionnaires : Alexis François BOIVIN naquit le 13 février 1870 au hameau de Châteauneuf. En octobre 1884, il entra en cinquième au petit séminaire de Cellule tenu par les pères du Saint-Esprit et y passa cinq ans. Le 16 octobre 1889, il entra comme laïc au séminaire des Missions Étrangères. Tonsuré le 28 septembre 1890, minoré le 27 septembre 1891, sous-diacre le 24 septembre 1892, diacre le 25 février 1893, il fut ordonné prêtre le 2 juillet 1893, reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique de la Cochinchine orientale (actuel Viêt Nam) ; il quitta Paris le 19 Décembre 1893 et embarqua à Marseille le 24 décembre de la même année pour rejoindre sa mission.

Arrivé à Quinhon le 24 janvier 1894, il fut envoyé à Kim-Chau pour étudier la langue vietnamienne. À Noël 1894, il devint professeur au Petit Séminaire. En janvier 1896, il fut nommé vicaire à Phan-Thiet, avec résidence habituelle à Cu-My, région où il contracta les fièvres. En 1899, après un séjour à Hong-Kong, il devint curé de Dong-Qua, puis en janvier 1904, curé de Phan-Rang. En novembre 1907, il revint à Dong-Qua. En janvier 1912, il rentra en France. De retour dans sa mission, en avril 1914, il fut nommé curé de Cu-Va, poste qu'il a conservé jusqu'à sa mort, survenue le 27 juin 1923 des suites d'une forte fièvre. Alexis François BOIVIN est inhumé au cimetière de Lang-Son.

Quant à Michel MIGNOT, ce missionnaire, fils de meunier, naquit le 28 juillet 1865 au hameau du Pont de Saint-Sauves. Le 3 octobre 1887, il entra également comme laïc au séminaire des Missions Étrangères. Tonsuré le 22 septembre 1888, minoré le 3 mars 1889, sous-diacre le 21 septembre 1889, diacre le 1er mars 1890, ordonné prêtre le 28 septembre 1890, il reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique de la Birmanie Méridionale (Rangoon) qu'il partit rejoindre le 10 décembre 1890.

En 1891, Michel MIGNOT fit sa formation missionnaire à Gyobingauk, localité située entre Thonzeh et Prome. En 1892, il fut envoyé dans la partie est de la mission vers Pegu. En 1893, Michel MIGNOT s'installa à Nyaung-Lebin. Il y construisit un presbytère, des écoles, une église gothique dédiée à Notre Dame de Lourdes. En 1896, on le retrouva à Phadokwin avec le prophète carian PHO-PAÏSSAN. Dès lors, il développa considérablement son immense district avec les bourgs de Kyaulkyi, Shewgyin, Kyaikto, Guai-Thay-Yo, Kyauk-Kyi, Padokwin et Shewgyin.

En 1903, Michel MIGNOT était guéri du choléra. En 1916, malgré une cécité presque complète à la suite d'une chute de cheval, il dirigeait le district qu'il avait fondé. Le 27 juillet 1933, il était agressé par un voleur alors qu'il se trouvait dans sa maison à Pegu. Le 12 août 1937, il décéda à l'hôpital de Rangoon après un mois de soins.

Source : Notices nécrologiques - archives des missions étrangères de Paris

Thibault FOURIS