L'église paroissiale Saint-Étienne

Léglise d'origine romane fut reconstruite à neuve de 1872 à 1876 suite à la décision du conseil municipal de remanier le bâtiment. Sa partie la plus ancienne, l’abside circulaire avec sa voûte en cul-de-four, date des XIème et XIIème siècles (les chapiteaux avec entrelacs d'inspiration carolingienne seraient du dernier quart du XIème siècle ; ceux de la nef paraissent légèrement plus tardifs comme étant du XIIème siècle). Les autres chapiteaux sont notamment ornés de motifs de feuille d'eau et de fougère. Les bas-côtés et les clés de voûte des nefs latérales sont du XVIème siècle et sont ornées du blason à trois chevrons de la famille de LEVIS ; à noter le bas-relief (vestige d'un linteau en bâtière sculpté) enchâssé dans le mur extérieur orienté nord-est de l'église représentant un griffon et un lion, ainsi que les armoiries scellées sur l'un des piliers centraux de la nef. L'extérieur de l'abside présente notamment des mosaïques en pierre et des cordons de billettes soulignant les baies en plein cintre.

   

    

           

   

       

Un jugement du présidial de Clermont en date du 16 juin 1784 condamne les habitants de Saint-Sauves à payer au sieur LIMAUD, fondeur de cloches, la somme de 1.100 livres pour la refonte de deux cloches. Une délibération du 6 juillet 1788 autorise la reconstruction de la voûte d'une nef d'une chapelle latérale de l'église. Deux cloches sont fondues par le sieur Simon BARRARD pour la somme de 1.297 livres mais jugées trop coûteuses par les habitants, ceux-ci portent plainte contre le syndic FAUVERTEIX.

En 1867, le conseil municipal, considérant que la toiture repose directement sur un remblai posé sur l'extrados de la voûte et risque de générer de graves désordres dans les maçonneries, et que le clocher, dépourvu de flèche, est disproportionné, décide d'agrandir l'église et de reconstruire le clocher. En 1868, la maîtrise d'œuvre est confiée à François-Louis JARRIER, architecte à Clermont-Ferrand, qui rédige le cahier des charges des travaux en 1869. Les travaux, confiés à PERRIERES, entrepreneur au Mont-Dore, débutent en 1872. Outre les travaux de restauration non spécifiés, dont la reconstruction des contreforts, l'église est agrandie d'une travée et de l'actuel clocher-porche. Les deux sacristies flanquant aujourd'hui le chevet sont également édifiées. Le procès-verbal de réception définitive est signé le 18 juillet 1876. À cette occasion, l'ancien porche de église est installé à sa place actuelle sur la place en contrebas.

   

La voûte est en berceau plein cintre sur les deux premières travées de la nef, en voûte d'ogive sur les bas-côtés, en voûte à berceau plein cintre en brique sur la dernière travée et en voûte d'arrête en brique sur la dernière travée des bas-côtés. Les chaînages du clocher, les contreforts de la nef et des sacristies utilisent des pierres volcaniques (andésite et ignimbrite) afin de restituer un effet polychrome. Les matériaux employés sont ainsi la pierre de taille (moyen appareil), le moellon et l'enduit ; la couverture est en ardoise. Le plan est allongé à un vaisseau avec un toit à long pan, en appentis et en pavillon (croupe ronde ; escalier en vis sans jour). Certains vitraux, dons de paroissiennes (Jeanne BOUCHAUDY née MANRY -de Liournat-, Céline et Marie MANRY, Antoinette RAMADE), sont datés de 1969.

       

Au Moyen-Âge, le bourg se déplace des "Pertis" vers l'est pour se regrouper autour du noyau que forme aujourd'hui l’église (alors ceinturée par le cimetière). Avant 1789, le patron de la paroisse était saint Étienne (aujourd’hui saint Jean Baptiste). Saint Roch faisait l'objet d'une particulière adoration.

On apprend dans les procès-verbaux des visites pastorales du XVIIIème siècle que l'église conservait alors trois reliquaires : l'un en forme de bras conservant un fragment d'os de saint Antoine, une petite chasse de cuivre émaillée contenant cinq paquets avec des fragments d'os de saint Joannès, de saint Léonard, d'un bras de saint Guillaume et du crane de saint Etienne, une chasse en bois couverte de lames de cuivre contenant trois paquets avec également des fragments d'os et un morceau de machoire de saint Gervais. Le saint sacrement était conservé dans un tabernacle en bois doré doublé d'une étoffe de soie ; l'église disposait également d'un "soleil visoire" d'argent (un ostensoir), de deux ciboires d'argent dont un portatif, pour les malades, "point dorés en dedans", de cinq autels dont le maitre autel, deux calices d'argent avec leur patène et de deux confessionnaux.

Deux chapelles privées existaient sur la paroisse : au Cros de Sac ("en bon état et suffisamment dotée" en 1735) et au château du Planchat, chef lieu des seigneurs des terres basses de Murat ("point dotée"). En 1735, Saint-Sauves dénombre 1 100 "communiants".

Également, parmi les différentes cloches de l'église primitive, trois portaient des mentions relatives à leur parrains et marraines. Au cours de l'an XIII ou XV du calendrier républicain, une cloche est mise en vente ; ainsi, en 1730 est inaugurée la cloche de la chapelle du Cros de Sac, située à 3 km à l'ouest de la Banne d'Ordanche (en 1940, cette cloche va rejoindre le clocher paroissial; Ø 0,495 m - angélus Sol4) : "Je m'appelle Marie de la Visitation pour porter ceux qui entendront la cloche à me saluer trois fois le jour, laquelle a été donnée par Michel BERTRAND et Marie RAMADE, son épouse, pour estre mise à la chapelle du Crodesat de la paroisse de Saint Sauve et en cas de refonte, semblable écrit y sera apposé. Claude SEUROT, IHS, A DS DEI PA".

En 1737, une cloche décrite comme de belle fonte, d'une excellente épigraphie, aux anses à têtes, aux motifs de perles et avec une représentation de la Vierge Mère est bénie (Ø 0,805 m - angélus Si3) : "IHS Maria Joseph Sancte Stephane ora pro nobis 1737 Mr Armand François de CASTRIES, gouverneur de Montpellier parrain, Dienne, Jeanne de LA TOUR D'AUVERGNE, marraine. Claude SEUROT".

En 1781 est parrainée une nouvelle cloche (Ø 0,585 m - baptêmes Mi4) : "Parin Me Joseph Antoine MABRUT, seigneur de Laveaux, Maraine Dame Jeanne GUILLAUME, épouse de Mr BERTRAND, bourgeois ; As VEILLEMIN, fondeur An 1781" [grands parents du Docteur Michel BERTRAND].

En 1864 est parrainé le bourdon de l'église (Ø 1,370 m - glas Do#3) avec un décor abondant de palmettes : "Sancta Maria Sine Labe concepta ora pro nobis; au jour de ma bénédiction, j'ai eu pour parrain Mr Pierre Julien Émile FAUVERTEIX-GOUTAY, notaire maire de Saint Sauves, et pour marraine, Madame Michelle BOUCHAUDY, épouse de Mr Camille BOGROS. Etait alors curé Mr Pierre VIDAL, vicaire Mr Amable MONTET, marguillers Mrs Mathieu VEDRINE, Jean BOYER, Michel SARLIEVES, Michel FARGEIX, Pierre VEYSSEL. BURDIN Fils aîné, fondeur à Lyon, 1864".

Photos : Michel ALZAGA

À découvrir : le remarquable site de Mehdi BOUTAGRA consacré aux cloches

dont est extraite la vidéo ci-dessous


La cure fut fondée par les moines bénédictins du prieuré de Port-Dieu, situé en Corrèze, (également appelé prieuré de Trappes. Au XIème siècle, Port-Dieu était la propriété de Raoul PASSERON, de Saint-Sauvin. Celui-ci fondit avec saint Robert de Brioude le prieuré, dépendant de La Chaise-Dieu) et était à la nomination du seigneur de la baronnie de Granges et Tauves, avant d'être supprimée en 1789, avec les 30 autres prieurés et cures rattachés au prieuré de Port-Dieu. En 1719, le presbytère est la proie des flammes. La maison (aujourd'hui occupée par la mairie) acquise en 1855 pour y transférer le presbytère jugé incommode est construite au XVIIIème siècle comme en témoigne la présence de linteaux de fenêtre délardés. Le bâtiment comporte, sur le plan cadastral de 1824, une construction annexe en retour d'équerre sur la rue, amputée jusqu'au niveau de la façade principale par mesure d'alignement avant 1855, en même temps que l'on ait modifié les baies du rez-de-chaussée du logis. Le bâtiment est à double façade, sur rue et sur jardin (remise à bois sur la cave avec accès par une porte haute dont l'encadrement est en grès. Les autres encadrements de la maison sont en andésite ; un premier étage carré et un étage de comble ; toit à longs pans surmonté de deux épis de faîtage en zinc ; croupe ; pignon couvert ; escalier intérieur ; escalier tournant à retours avec jour en charpente ; logis double en profondeur avec couloir transversal ; four à pain accolé). Le gros œuvre est en basalte et moellon ; la couverture est en ardoise.

Carte des sites casadéens de la région de Port-Dieu

Les archives précisent que la cure possède trois prés ; le chapitre de La Queuille et la collégiale Sainte-Madeleine (Montagne de Bozat) possèdent également un pacage sur Saint-Sauves. En 1607, le vicaire de Saint-Sauves est Pierre GUILLAUME ; en 1644, Louis DAUPHIN est le curé de la paroisse puis, vers 1720, Pierre RABETTE (et François JAUBERT, prêtre filleul) et en 1746, Georges THOURY. Le 4 juillet 1753, François VEDRINE s'installe comme curé avec Pierre BOYER, vicaire, et ce, jusqu'à la Révolution. Le 22 mai 1727, l'évèque note que "les registres des actes de baptèmes de plusieurs années sont entre les mains d'un certain quidam qui n'a pas voulu les remettre au curé" et que "les cabaretiers donnent à boire pendant les offices".

Chapelle des Manants - Port Dieu (19)     Cimetière de Port Dieu (19)

Gabriel de La Salle était prieur de Saint-Sauves en 1607, époque où l'église primitive fut agrandie. De même, il semblerait que les remarquables arcades en plein cintre sculptées du café du commerce et de la salle de tri de la Poste proviennent des vestiges de ce prieuré bénédictin.


Visite de Monseigneur Gabriel PIGUET (1887-1952), évêque de Clermont, à Saint-Sauves

À noter la croix en fer du cimetière du XVIIIème siècle (ci-dessous à gauche) ; il s'agit d'une croix ostensoir, aux fers plats et à l'amortissement en fer de lance baguée. Le centre du croisillon est occupé par un Christ de petite taille de bronze, surmonté du titulus. La hampe est bordée d'une crête à éléments spiralés, comme la croix très semblable d'Orcival (au nord de la basilique), vraisemblablement oeuvres du même auteur. On dénombre 41 croix monumentales sur l'étendue de la commune de Saint-Sauves, dont la plus ancienne, d'après l'inscription sur son socle (1823), se trouverait dans le village de Lestomble (ci-dessous à droite).

   

À l'origine, le cimetière ceinturait le chevet de l'église et était clos, les tombes creusées à même le sol, avant d'être déplacé à la fin du XIXème siècle à son emplacement actuel au nord-ouest du bourg. Le premier projet de transfert du cimetière date de 1852. Un plan des terrains de Pierre ONDET à acquérir par la commune est établi par le géomètre NOBIER. L'enquête public fait notamment état de l'humidité du terrain et du risque d'enneigement du chemin d'accès. Les devis et détails estimatifs sont rédigés en 1853 ; le cahier des charges est diffusé et les travaux sont adjugés en 1854 malgré l'opposition du curé de l'époque à la translation. Un terrain appartenant à François BRUT est acquis en 1896 par la commune afin de procéder à l'aggrandissement du cimetière.

Une statue de Notre Dame de Saint-Sauves a été inaugurée par l'abbé Louis Antoine CHAIX, curé de Saint Genès les Carmes, et bénie par le père MAUBERT, curé de Tauves, le 27 juillet 1873, avec l'église rénovée. Cette Vierge immaculée surplombe le pignon découvert de la nef.

   


Le mobilier :

 Les statues du XIXème siècle en bois peint des quatre évangélistes (Pierre, Jean-Baptiste, Etienne et Paul) situées dans le choeur ont été inscrites le 12 août 1974 sur la liste des objets inscrits aux monuments historiques. Elles mesurent entre 100 et 110 cm de haut. La lame de l'épée, instrument de son supplice, est manquante sur la statue de saint Paul.

           

       

Les anciens fonts baptismaux sont conservés sur un belvédère, à proximité de l’église et de l'ancienne mairie.


 Les statues du XVIIème siècle en bois peint de saint Roch et de saint Blaise (85 cm de haut) ont également été inscrites le 12 août 1974 sur la liste des objets inscrits aux monuments historiques, de même que la Vierge à l'enfant (85 cm de haut) en bois doré du dernier quart du XVIIIème siècle.

       

       

       

   

                   
     


Aujourd'hui démontée, la chaire à prêcher était située dans la nef à droite et a été inscrite le 12 février 1975 sur la liste des objets incrits aux monuments historiques. Cette chaire du XVIIème siècle en chêne était décorée de quatre niches contenant chacune une statuette d'évangéliste (Saints Matthieu, Marc, Luc et Jean) d'une quarantaine de centimètres. Les niches en arc de cercle étaient bordées d'un faisceau lié par des feuilles. Des colonnettes cannelées avec chapiteaux corinthiens séparaient les panneaux et en haut était visible un cordon de deux perles alternées avec un bâtonnet.


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Thibault FOURIS

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